Bon, je la maudis un peu, souvent, tout le temps, il faut le dire, cette machine.
Elle n'est pas la première, j'ai débuté sur celle de mon arrière grand-mère.

Oui, celle-là, une Singer vencedora 128 k
Il en fallait de l'énergie ! La roue était entraînée à la main, sur le côté. Le tout était de trouver une régularité pour que les points soient à peu près jolis. J'avais 16 ans, le soleil des vacances inondait la pièce, et je me fabriquais des bermudas en tissus de rideaux...
Et puis, il y a eu celle de ma grand-mère, d'un modèle à peu près équivalent, mais électrifiée ! Ahhh ! Là, c'était plus facile, mais restait quand même une grosse partie du travail à faire à la main.
Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment eu le droit de toucher à celle de ma mère, une Manufrance Omnia déco rouge pompier...

J'allais chez mon autre grand-mère, qui me prètait alors sa bête de compétition, une Omnia aussi. J'y ai fait mes armes, ce qui est un pléonasme pour une Manufrance, il faut le dire ;-D.

Et puis, je ne sais plus trop quand, mes parents m'ont offert ma Singer à moi. La belle a servi, servi.
A tel point qu'un jour, elle a cédé.
Rien de grave, il fallait juste plonger dans le coeur de la bête.
Par flemme, et parce que notre société de consommation est ainsi faite, j'ai renoncé à envoyer la belle dame chez un réparateur qui m'aurait coûté aussi cher que de lui faire réparer le coeur...
Alors j'ai investi.
Et bien mal m'en a pris.
Je ne vous montrerai pas de photos de cette vilaine vilaine bestiole. Un pied juste clipé ? Une facilité ? Que nenni ! L'andouille prend la tangente aux moments les plus cruciaux ! Combien d'angles rattrapés, de coutures reprises, ahhh...
La canette ? Une affreuse chose en plastique, dont la largeur soit disant standardisée contraint le fil à sortir voir alleurs ce qui se passe... Et pffaf ! Voilà un joli boulochage, un gros bouchon de fils entremellés. Une anecdote ? Non ! Une coutume !
Et pour finir, même le fil a peur de la chose ! Dès que j'approche le tissu de ce fameux pied fuyant, la manette baissée, si j'ai oublié de tirer 2 kilomètres de fil derrière la bête, le voilà qui se rétracte comme une petite chose apeurée au fin fond des engrenages.
Hou là là, j'en suis grossière !
Bon, dame Nain étant d'une grande souplesse de tempérament, et d'un caractère égal, elle s'adapte aux désagréments de la folle couturière.
Et du coup, elle coud !
Un tapis moelleux pour toutou chic.

Et une petite robe pour miss Poupette !

Oui, oui, on ne se refait pas, la robe, au départ, c'était une belle chemise d'homme achetée 3 francs 6 sous dans un vide-grenier...

Bon, en attendant, je crains d'avoir une mauvaise nouvelle pour la guerrière couturière au pied fuyant... Je crois que je vais faire réparer ma douce Singer d'antan...